Expert reconnu pour son travail sur la colorimétrie dans les années soixante et soixante-dix, il a mené une recherche expérimentale et créé un cadre théorique pour l’art optique, véritable exploration visuelle dans un contexte où la couleur explose aux quatre coins du monde et des cultures.
La chromophobie occidentale se manifeste par le fait que la couleur est perçue comme extérieure à notre culture contemporaine. Batchelor explique que la mondialisation imposerait la recherche du compromis. Pour plaire au plus grand nombre, les tons plus neutres, plus sobres s’imposent alors sur le marché. Beige, blanc, gris, noir, on assiste à la monochromie, qui devient la règle dans plus de 50% de l’ensemble de nos paysages quotidiens. Les couleurs ont pourtant un impact positif sur notre équilibre, nos humeurs, sur notre perception des choses, notamment par la symbolique de celles-ci. Les couleurs froides ont un effet tranquillisant par leur ondes courtes, alors que les couleurs chaudes sont plutôt excitantes et produisent un état de changement vers la positivité.
Leurs interactions entre elles et avec nous ont été étudiées de manière pédagogique dans un important écrit sur la colorimétrie, paru en 1963 et rédigé par Joseph Albers : L’interaction des couleurs. Pour illustrer ses propos et expériences, il crée la série Homage to the square et réalise plus de 2000 carrés de couleurs chromatiques, imbriqués les uns dans les autres, documentant le plus grand travail sur la colorimétrie par gamme jamais opéré. Un véritable répertoire de l’interaction chromatique, catégorisé par ambiance, et par émotions.Le pédagogue, membre de l’école Bauhaus depuis 1920, offre même le luxe à ses lecteurs de s’amuser à faire correspondre les couleurs dans un véritable dictionnaire visuel des alliances de couleurs.
Faire converser les théories de David et Joseph permet de faire la part des choses et de réintroduire les couleurs intelligemment dans nos quotidiens, tant par les effets de la couleur sur nos états généraux, mais surtout par la science passionnante de la colorimétrie qui agit en chef d’orchestre sur notre environnement. Albers éclaire les échelles de valeurs, c’est-à-dire les nuances de teintes, qui interagissent entre elles. Leurs différences et leur dispositions produisent des effets et même des illusions d’optiques plus ou moins perceptibles qui exploitent la faillibilité de l’œil : c’est l’art optique.