Son action s’inscrit dans une logique de diplomatie d’influence. L’AFD un outil du « soft power » français soutenant les stratégies de développement, tout en favorisant les intérêts économiques et géopolitiques de la France.
Les critiques de l’extrême droite s’inscrivent dans une remise en cause plus large de l’aide publique au développement, dans la lignée de ce qu’a entrepris Donald Trump aux États-Unis avec la suppression de l’USAID. L’AFD, qui finance des projets dans 150 pays, est présentée par ses détracteurs comme une machine à subventions incontrôlée. Mais la réalité est plus complexe : 85 % de ses ressources proviennent d’emprunts et non du budget de l’État. Aussi, 73 % des projets qu’elle finance impliquent un acteur économique français, et 3 milliards d’euros de contrats reviennent chaque année à nos entreprises. Un rappel qu’a tenu à faire le ministre délégué à la Francophonie, Thani Mohamed-Soilihi, dénonçant une « désinformation qui nuit à un débat public apaisé ».
Les critiques faites à l’AFD reposent aussi sur des raccourcis et des exemples biaisés. Sarah Knafo cite les financements de projets en Chine pour appuyer sa thèse d’un gaspillage d’argent public. Pourtant, ces fonds prennent la forme de prêts que Pékin rembourse avec intérêts. Loin d’être une exception, ce mécanisme permet à l’AFD de générer des revenus qui servent à financer d’autres initiatives. La majorité des subventions de l’AFD est en réalité dirigée vers des pays en développement, notamment en Afrique, où la présence économique et diplomatique de la France est stratégique, dans le domaine énergétique ou de la transition écologique, par exemple.
Pour l’extrême droite, qui prône un recentrage des dépenses sur la France, l’aide internationale est un levier électoral, comme le souligne Dov Zerah, ancien directeur général de l’AFD. En contestant la légitimité de l’AFD, ses adversaires s’attaquent à une vision de la France engagée dans la coopération internationale. « Ce qui est rassurant, c’est qu’on voit avec l’exemple des États-Unis qu’il suffit d’un trait de plume pour supprimer ces folies », a déclaré Sarah Knafo, évoquant l’option d’une suppression de l’AFD. Une décision qui aurait pourtant des conséquences majeures : affaiblir l’AFD, c’est réduire la capacité de la France à peser dans des régions stratégiques et participer à leur déstabilisation, ce qui pourrait créer de futures crises migratoires.