La sécurité européenne, fragilisée par les ingérences de puissances étrangères et la guerre en Ukraine, est abordée de manière ambitieuse dans le rapport Niinistö, qui plaide en faveur d’une refondation de la coopération européenne en matière de sécurité.
En septembre 2024, Mario Draghi a présenté à la Commission européenne un rapport structuré autour de l’innovation, de la transition écologique et de la sécurité économique. Il propose un budget annuel additionnel de 750 à 800 milliards d’euros jusqu’en 2030 pour stimuler l’innovation et renforcer la compétitivité industrielle. La transition écologique reposerait sur un financement accru de la décarbonation, nécessitant une révision des règles du marché de l’UE afin de favoriser l’émergence de champions industriels et numériques européens. Enfin, le rapport souligne l’urgence de simplifier la réglementation et d’harmoniser les normes, la complexité administrative coûtant à l’UE plus de 150 milliards d’euros par an et générant un manque à gagner estimé à 200 milliards d’euros, un frein majeur à la sécurité économique du continent.
Dans son rapport intitulé Much More Than a Market, Enrico Letta, ancien Premier ministre italien, s’attaque à l’intégration incomplète du marché unique et aux nombreux obstacles juridiques et administratifs. Il propose d’ajouter la liberté de circulation de la recherche, de l’innovation et des compétences au marché unique afin de renforcer l’intégration dans les technologies de rupture, qui remplacent les produits antécédents grâce à l’innovation. À cela s’ajouterait une harmonisation des cadres juridiques pour harmoniser le marché unique, notamment dans les secteurs des services et de la finance, encore peu intégrés.
Le rapport Niinistö dénonce, lui, le retard de l’Europe sur la coopération sécuritaire face à la multiplication des guerres, des cyberattaques ou des catastrophes naturelles. Bien que les dépenses militaires aient augmenté de 30 % depuis 2014, la fragmentation entre les 27 États membres limite l’efficacité des initiatives. Niinistö suggère que 20 % du budget de l’Union soit alloué à sa sécurité et à la préparation face aux crises. Néanmoins, ces rapports ne font pas l’unanimité parmi les États membres. En septembre 2024, seuls 20 États membres ont signé un non-papier appelant à une mise en œuvre partielle des préconisations des rapports Draghi et Letta, omettant notamment la constitution de champions européens.