Ces dernières années, les études se multiplient et appellent les autorités publiques à réagir. Au niveau national comme européen, la régulation de ces polluants est un défi majeur pour les politiques face aux lobbys industriels.
Développés par l’industrie chimique américaine dans les années 40, les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont surnommés « polluants éternels » car leur dégradation dans l’environnement est quasi inexistante. Derrière ces 4 lettres se cache une famille de milliers de composés chimiques, utilisés dans la production de nombreux produits du quotidien comme les textiles, les emballages alimentaires, les cosmétiques… Ces substances sont très pratiques car elles repoussent l’eau, l’huile, les taches et supportent les chaleurs extrêmes. Depuis 2012, à la suite de catastrophes sanitaires aux États-Unis, les études se multiplient et alertent sur l’ampleur de la contamination. En région parisienne, en Bretagne, sur les côtes méditerranéennes, partout les PFAS ont contaminé nos sols. Récemment, une enquête menée par Le Monde et 17 médias partenaires souligne la présence de 2100 « hot-spots » de contamination jugés dangereux pour la santé en Europe.
Les effets néfastes sur la santé humaine causés par les PFAS sont multiples : conséquences sur la fertilité, dysfonctionnements immunitaires, risques cancérigènes… Personne n’y échappe : le programme de biosurveillance Esteban 2014-2016 a détecté la présence de molécules nocives dans le sang de l’ensemble de la population française.
Mais alors, quelles réglementations pour faire face à ces substances nocives pour la santé et l’environnement ? Si certaines molécules comme le PFOS (acide perfluorooctanesulfonique), le PFOA (acide perfluorooctanoïque) et le PFHxS (acide perfluorohexane sulfonique) sont déjà interdites à l’échelle internationale dans le cadre de la convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants, les milliers d’autres molécules ne sont restreintes par aucune loi. Plusieurs projets de réglementation ont commencé à voir le jour en France, mais les lobbys industriels français se mobilisent intensément pour ne pas faire bannir ces molécules essentielles aux productions industrielles. En France, le coût de la dépollution serait compris entre 710 et 12 200 millions d’euros annuels pour décontaminer les sols, l’eau potable, les écoulements des décharges, les boues d’épuration et les eaux usées.