Le Nord-Kivu connaît depuis début 2025 une hausse substantielle du nombre d’affrontements et de violences, aggravant la situation humanitaire déjà délétère de la RDC où plus de 25 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire sévère. Sa localisation stratégique et la richesse de ses sols miniers en font l’épicentre du conflit, dans lequel s’impliquent des pays voisins à l’image du Rwanda.
Depuis plusieurs décennies, la RDC est confrontée à des dynamiques conflictuelles renforcées par la présence de plus de 120 groupes armés au sein du territoire, dont le gouvernement ne parvient à contrôler l’entièreté. Au Nord-Kivu, le conflit oppose principalement l’armée nationale au Mouvement du 23 Mars (M23), un groupe influent ayant refait surface en 2022.
Alors que la RDC accuse le Rwanda de soutenir militairement et financièrement le M23, composé ethniquement en majorité de Tutsis, le Rwanda accuse la RDC de protéger les extrémistes Hutus ayant traversé la frontière à l’issue du génocide mené envers les Tutsis en 1994. Les forces gouvernementales, soutenues par une milice composée d’extrémistes hutus, ont perdu le contrôle d’une vaste partie du Nord-Kivu et de sa capitale Goma au profit du M23. La prise de Goma en janvier a profondément déstabilisé la région, et près de 2900 personnes ont perdu la vie dans l’offensive. La prolifération de groupes terroristes, et notamment des Forces démocratiques alliées (ADF), une organisation ougandaise affiliée à l’Etat islamique, renforce l’instabilité croissante de la région.
Le conflit au Nord-Kivu revêt également une dimension stratégique. Les sols de la RDC sont extrêmement riches en minerais et de nombreux gisements de cuivre, nickel ou encore diamants sont présents à l’est du pays. D’après l’ONU, la RDC abrite près de 70% des réserves mondiales de cobalt, une ressource essentielle pour la fabrication de batteries durables. La région est confrontée à l’échec des interventions armées, à la fois multilatérales et des pays voisins. Les forces envoyées pour combattre le M23 se retirent successivement du pays, à l’instar de la Communauté d’Afrique de l’Est fin 2023 ou du Burundi en 2025. La Chine, qui dispose d’un accès important aux mines de la RDC, soutient également le gouvernement. Alors que la situation humanitaire ne cesse d’empirer, le retrait progressif de la mission de l’ONU (MONUSCO) depuis 2023 sur demande du gouvernement rend la protection des civils d’autant plus complexe. La RDC compte actuellement plus de 7 millions de déplacés internes et fait face à une pauvreté endémique.