Commissariats chinois et ingérence : une surveillance inquiétante
En 2022, une étude menée par l’ONG Safeguard Defenders révèle l’existence d’au moins 30 bureaux de police illégaux chinois en Europe, établis pour surveiller la diaspora et “rapatrier” des dissidents chinois. Ces postes, installés dans des pays comme l’Espagne et la Serbie, ont permis de renvoyer en Chine environ 230 000 ressortissants entre avril 2012 et juillet 2022. Ce réseau pose de sérieuses questions sur la souveraineté européenne et la protection des droits des citoyens chinois résidant en Europe. Alors que l’Irlande, l’Italie et l’Espagne ont fermé certains de ces postes, la Hongrie, au contraire, a officialisé la coopération sécuritaire avec Pékin.
Dates Importantes | Chiffres Clés |
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Avril 2012 – Juillet 2022 : Selon Safeguard Defenders, 230 000 ressortissants chinois ont été « rapatriés » via des postes de police illégaux. | 30 bureaux : Nombre de postes de police chinois identifiés en Europe par l’ONG Safeguard Defenders en 2022. |
2022 : Des pays comme l’Irlande, l’Italie et l’Espagne ferment des postes de police chinois illégaux. | 54 postes : Nombre total estimé de bureaux de police chinois illégaux dans le monde en 2022. |
Février 2024 : La Hongrie signe un accord de coopération sécuritaire avec la Chine, officialisant la présence de policiers chinois. | 230 000 rapatriements : Nombre de citoyens chinois renvoyés par ces structures entre 2012 et 2022. |
Mai 2024 : Le Conseil européen adopte une résolution renforçant les dispositifs contre les cyberattaques et l’ingérence étrangère. | 21 % des entreprises : Proportion de projets chinois liés à la sécurité installés en Hongrie depuis 2020. |
2024 : La Hongrie, sous la présidence tournante de l’UE, facilite l’implantation industrielle chinoise, notamment dans les batteries électriques. | 5 pays européens : Répertoriés comme ayant des accords ou des installations significatives liés à des partenariats avec la Chine en matière de sécurité. |
Ce partenariat signé en février 2024 entre la Hongrie et la Chine contrevient aux valeurs européennes en matière de liberté et de sécurité. Alors que le Traité de Lisbonne autorise les États membres à collaborer pour la sécurité, cette coopération doit respecter des protocoles stricts et des décisions prises à l’unanimité, ce que la Hongrie a contourné. Budapest, qui assure la présidence tournante de l’UE pour six mois, facilite ainsi une ingérence croissante de Pékin.
Une division européenne sur les enjeux de sécurité
Alors que Bruxelles renforce ses dispositifs contre les cyber-attaques et la désinformation — comme l’a souligné un communiqué du Conseil européen du 21 mai 2024 —, la Hongrie poursuit une politique qui diverge des résolutions européennes. Ce comportement inquiète d’autant plus Bruxelles que l’UE s’efforce de lutter contre les influences étrangères. L’adhésion de la Hongrie à ces accords de coopération avec Pékin contredit ainsi la résolution du Parlement européen du 1er juin 2023 sur l’ingérence étrangère, non contraignante mais symbolique.
En outre, l’accord sécuritaire avec la Chine favorise également l’implantation industrielle chinoise en Hongrie, où des projets de production de batteries pour véhicules électriques renforcent les liens économiques bilatéraux. Cette alliance, alors que Bruxelles a suspendu des milliards d’euros de fonds destinés à la Hongrie, cristallise les tensions entre une partie des États membres et le gouvernement d’Orban.
La Hongrie officialise une coopération avec la Chine malgré les directives de Bruxelles pour limiter les ingérences étrangères.
La relation sino-hongroise souligne des divergences au sein de l’Europe en matière de politique sécuritaire. Dans un contexte où Pékin étend son influence mondiale, l’Europe fait face à des défis inédits pour défendre ses valeurs et son intégrité.