Fairuz : l’âme du Liban, voix de résilience et d’unité

La pop culture biaise-t-elle notre vision des rapports amoureux ?

Fairuz : l’âme du Liban, voix de résilience et d’unité

La pop culture biaise-t-elle notre vision des rapports amoureux ?

Fairuz, de son vrai nom Nouhad Haddad, déclare en 2002, dans l’une de ses rares interviews : « Je chante la terre, le peuple et l’homme là où il est ».

Les débuts d’une icône : une voix née de Beyrouth

Issue d’une modeste famille chrétienne de Beyrouth, Fairuz, aujourd’hui surnommée « l’âme du Liban », révèle un talent musical exceptionnel dès son plus jeune âge. Elle se distingue au sein de la chorale de son école, avant de rejoindre Radio Liban en tant que choriste. C’est là que son chemin croise celui des frères Rahbani, deux jeunes compositeurs talentueux, avec qui elle va créer une œuvre qui marquera à jamais la musique libanaise. Grâce à leur collaboration, Fairuz s’affirme comme une artiste unique, s’éloignant des longues chansons-poèmes traditionnelles en intégrant des influences européennes, andalouses et latino-américaines, tout en conservant l’essence orientale avec des instruments comme le kanoun et le buzuq. Ce mélange distinct lui permet de toucher le public libanais et international.

Une carrière entre engagement et résilience

Durant ses cinquante ans de carrière, Fairuz enregistre près de mille morceaux et vend des millions de disques, devenant une figure emblématique de la culture arabe. Elle interprète des textes de poètes comme Khalil Gibrane et Ahmed Chawki, donnant une profondeur inégalée à leurs paroles. Sa présence scénique, sobre et mystique, se distingue par son immobilité, ses sourires rares et son allure énigmatique. Aujourd’hui, elle compose avec son fils Ziad Rahbani, malgré des tensions avec les frères Rahbani concernant les droits d’auteur, qui l’empêchent de chanter certaines de ses chansons emblématiques.

Pendant la guerre civile libanaise (1975-1990), Fairuz choisit de rester au Liban, refusant de quitter son pays ou de prendre parti. Sa chanson « Li Beirut », écrite après l’invasion israélienne de 1982, devient un hymne de résilience pour le peuple libanais, abordant les thèmes de l’exode rural, de la pauvreté et des blessures de la guerre. Sa musique traverse les divisions religieuses et politiques, offrant une voix d’espoir et d’unité dans un pays fracturé.

Pendant la guerre du Liban, elle sera un symbole de résilience, notamment avec son titre « Li Beirut » qui chante les blessures des Libanais.

Une artiste engagée pour la paix et la justice

Fairuz est aussi engagée pour la cause palestinienne. À travers des chansons comme « Sa Narjeou Yawmane » (Nous reviendrons un jour), elle exprime son soutien pour le peuple palestinien, devenant une voix de résistance et de solidarité. Ce poème continue de résonner comme un appel à la justice et à la liberté, témoignant de son engagement indéfectible pour les opprimés.

À l’âge de 89 ans, Fairuz reste une icône transgénérationnelle. Chantant l’espoir d’un peuple, elle est à la fois l’idole des jeunes générations et une source d’inspiration pour les anciennes, portant les espoirs de paix, de justice et d’identité du Liban.

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