Une réforme controversée : PASS et LAS sous la loupe
La réforme de 2020, introduisant les filières PASS (Parcours Accès Spécifique Santé) et LAS (Licences Accès Santé), visait à diversifier les profils des futurs médecins et à réduire l’aspect ultra-sélectif de la PACES (Première Année Commune aux Études de Santé). Cependant, loin d’alléger la charge des étudiants, cette réforme est aujourd’hui pointée du doigt comme une source de stress supplémentaire par de nombreux étudiants et par la FAGE elle-même.
Dates Importantes | Chiffres Clés |
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2020 : Introduction des filières PASS et LAS pour diversifier les profils des futurs médecins. | 36 % : Étudiants en médecine se sentant isolés durant leurs études. |
2021 : Enquête des intersyndicales d’internes et de l’ANEMF sur les conditions de travail des internes. | 81 % : Étudiants de première année se sentant plus stressés depuis l’entrée dans les parcours PASS/LAS. |
2023 : Étude révélant que deux étudiants en médecine sur cinq présentent des symptômes dépressifs. | 51 % : Internes en médecine travaillant plus de 50 heures par semaine, dépassant les normes européennes. |
Octobre 2023 : Rapport de Santé Mentale sur la précarité financière des étudiants en médecine. | 64,7 % : Étudiants en médecine ne recommandant pas leurs études à de nouveaux candidats. |
Juillet 2023 : Mobilisation de plus de la moitié des médecins hospitaliers dénonçant les conditions de travail. | 42 % : Étudiants envisageant de quitter leurs études en raison de la pression financière. |
Dans le nouveau système, les étudiants en PASS suivent une formation intensive en médecine, tandis que ceux en LAS doivent combiner des cours de médecine à une spécialité d’une autre discipline. Cette dichotomie crée des écarts de niveau significatifs entre étudiants, accentuant les pressions pour ceux qui se trouvent déjà dans un parcours académique réputé pour son exigence. Ces différences dans l’enseignement exacerbent la compétition et contribuent à renforcer le climat anxiogène qui règne dans cette filière.
D’après l’enquête de 2021 menée par deux intersyndicales d’internes, l’ISNI et l’Isnar-IMG, ainsi que par l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), 51 % des internes en médecine travaillent plus de 50 heures par semaine. En dépit des recommandations européennes fixant la limite de travail à 48 heures hebdomadaires pour les soignants, les conditions actuelles sont largement dépassées en France. Ces horaires harassants, associés à des gardes nocturnes et à des journées interminables, conduisent de nombreux étudiants et internes à sacrifier leur équilibre personnel.
Un mal-être omniprésent : santé mentale et précarité financière
Le malaise des étudiants en médecine ne se limite pas aux contraintes académiques. Selon une étude publiée en 2023, deux étudiants sur cinq présentent des symptômes dépressifs. La pression académique, le manque de sommeil, le rythme intense des cours et des stages sont autant de facteurs qui contribuent à une dégradation de la santé mentale des futurs praticiens. Cette même étude révèle que 64,7 % des étudiants en médecine ne recommanderaient pas leurs études à de nouveaux candidats, une statistique qui reflète un désenchantement profond et une remise en question de l’attrait pour cette vocation.
Le poids de la précarité financière aggrave la situation. Un rapport de Santé Mentale publié en octobre 2023 démontre que nombre d’étudiants en médecine peinent à couvrir leurs besoins essentiels, accentuant encore plus le stress de ces années de formation. Pour 42 % d’entre eux, l’aspect financier représente un motif suffisant pour envisager de quitter leurs études. Dans un contexte où le coût de la vie augmente, cette précarité mine leur bien-être, mais elle risque aussi d’entraîner une pénurie de soignants qualifiés dans les années à venir, faute de soutien adapté.
À cette précarité s’ajoute la dégradation des conditions de travail qui ne touche pas seulement les étudiants mais aussi les professionnels. En juillet 2023, plus de la moitié des médecins hospitaliers se sont mobilisés pour dénoncer les conditions de travail déplorables et le manque de moyens humains et matériels dans les hôpitaux français. Cette mobilisation témoigne d’une crise généralisée au sein de l’hôpital public, où la surcharge de travail devient la norme et où l’épuisement physique et psychologique frappe aussi bien les jeunes en formation que les praticiens confirmés.