Souvent romantisé, l’amour interdit fascine et se voit représenté au cinéma, dans la chanson ou encore dans la littérature. Ces œuvres, tout comme certains faits historiques, dépeignent un mal-être collectif : celui des amours brisés par les conventions sociales étriquées.
Portant l’essence de l’amour interdit, l’histoire tragique entre le prince héritier du Portugal, Pierre le Cruel et la reine illégitime, Inès de Castro, a su traverser les âges au travers les célèbres Trovas. Ces quelques vers mélodieux de la tradition médiévale portugaise ont su s’approprier cette légende, guidée par la plume du poète Garcia de Resende. Inês est dame de cour mais n’a rien à envier à l’épouse du prince, Constance de Castille. La mort de cette dernière permet au prince de retrouver son véritable amour : Inès de Castro, désormais reine du royaume de Castille. « Il m’aima et je l’aimai ; il me perdit, je le perdis aussi : jamais, jusqu’à la mort, notre amour ne fut tiède ». Pourtant, sous le ciel de Coimbra, le péché n’a jamais cessé d’être. Le roi Alphonse IV, le père de Pierre, voit d’un mauvais œil cette union. Sous la pression de ses conseillers et de la noblesse, il finit par condamner la reine à mort en 1355. Peu après, dans un geste aussi macabre que dévoué, Pierre fera d’Inès sa reine posthume et obligera les nobles à baiser sa main glacée. Cet amour, personne ne l’a vu mourir mais il a eu tort d’exister dans ce monde trop cruel pour le nourrir.
Nées à l’aube d’un temps mal choisi, certaines passions interdites sont alors vouées à rester cachées. Ainsi, pour percer les profondeurs de cet amour, c’est à la création artistique qu’échoit le rôle de dévoiler l’invisible. A travers des paroles profondes de Ces gens-là de Jacques Brel, on y comprend un amour aussi ardent que vulnérable pour une certaine Frida. Condamnés à tomber dans l’oubli face aux remparts dressés par la famille de celle-ci, ils ne peuvent que se présenter comme étrangers face à un horizon pétrifié.
Au cœur du cinéma, cette vérité s’observe dans Le Monde de Charlie réalisé par Stephen Chbosky. On y retrouve Brad, un athlète populaire qui cache son homosexualité pour préserver sa réputation d’élève chéri des foules. Patrick, son amant, l’aime sans condition, mais un soir, le voile se déchire. Le père de Brad les surprend et abat sa colère sur son fils. Désarmé, Patrick ne peut que fuir, emportant avec lui le fardeau de cet amour interdit.