Une mesure sociale essentielle supprimée au nom de l’austérité
Créé en 2019 par le gouvernement de Giuseppe Conte, le revenu de citoyenneté (reddito di cittadinanza, RdC) était destiné aux Italiens les plus démunis. Cette aide, similaire au RSA en France, permettait à un ménage de quatre personnes de percevoir plus de 10 000 euros annuels, un soutien précieux pour les familles vulnérables. En 2023, le gouvernement Meloni a mis fin à cette aide, annoncée par SMS, invoquant la nécessité de réduire les dépenses publiques. Pourtant, le coût du RdC représentait seulement 0,2 % du PIB italien, soit environ 3 milliards d’euros.
Dates Importantes | Chiffres Clés |
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2019 : Introduction du revenu de citoyenneté (RdC) par le gouvernement de Giuseppe Conte pour soutenir les familles précaires. | 10 000 euros : Montant annuel perçu par un ménage de quatre personnes grâce au RdC. |
2023 : Le gouvernement de Giorgia Meloni annonce la suppression du RdC par SMS, invoquant des réductions budgétaires. | 0,2 % du PIB : Coût annuel du RdC pour l’Italie, soit environ 3 milliards d’euros. |
1er janvier 2024 : Mise en œuvre officielle de la suppression du RdC, remplaçant l’aide par un « chèque d’inclusion ». | 56 % : Proportion des pauvres italiens n’ayant pas bénéficié du RdC en raison de méconnaissance ou de barrières administratives. |
2024 : Les familles du sud de l’Italie sont les plus touchées par la suppression, où 11,6 % de la population bénéficiaient du RdC contre seulement 1,7 % dans le nord. | 1 million : Nombre de bénéficiaires ayant vu leur niveau de vie s’améliorer grâce au RdC avant sa suppression. |
2023-2024 : Remplacement progressif par le « chèque d’inclusion », jugé insuffisant par de nombreux économistes. | 11,6 % vs. 1,7 % : Écart de dépendance au RdC entre les régions du sud et du nord de l’Italie. |
Cette suppression est vivement critiquée, car selon l’Istat, l’institut national de statistique italien, un million de personnes bénéficiaient d’une amélioration notable de leur niveau de vie grâce au RdC. La sociologue Nunzia De Capite souligne que cette mesure aurait pu aider davantage d’Italiens dans le besoin, 56 % des pauvres n’y ayant pas accès par méconnaissance du système. Avec sa suppression, la précarité menace de se propager, notamment dans les régions du sud de l’Italie, historiquement plus vulnérables économiquement.
La fin du revenu de citoyenneté plonge de nombreuses familles italiennes dans la précarité.
Un impact social qui exacerbe les inégalités nord-sud
Pour l’économiste Michele Raitano, la suppression du RdC reflète une politique de « discipline » visant particulièrement les populations du Sud, où 11,6 % des habitants dépendaient de cette aide, contre seulement 1,7 % dans les régions riches du Nord comme la Lombardie. Les familles du Sud, davantage exposées à la pauvreté extrême, se retrouvent maintenant plus dépendantes des œuvres caritatives pour survivre. Le chèque d’inclusion, une aide sociale mise en place pour remplacer le RdC, est insuffisant pour combler la perte et n’offre pas le même soutien financier.
Alors que l’aide pour les plus démunis disparaît, le gouvernement Meloni a favorisé des réformes fiscales telles que la flat tax, particulièrement avantageuse pour les foyers les plus riches. Cette mesure soulève des critiques quant à l’aggravation des inégalités en Italie. Thomas Piketty, économiste français, rappelle que ce choix politique risque de transformer les progrès sociaux en « compromis précaires et instables », fragilisant davantage les classes populaires italiennes.
L’Italie abolit le revenu de citoyenneté mais maintient la flat tax, un choix qui accroît les inégalités.
Ainsi, la suppression du RdC symbolise une orientation politique qui privilégie l’austérité au détriment de la solidarité. Pour les familles modestes, particulièrement dans les régions les plus pauvres, ce changement marque un retour à une précarité où la pauvreté devient une réalité quotidienne difficile à surmonter.