La situation des finances publiques a été encore plus compliquée par la chute du gouvernement Barnier en décembre 2024 et la non-adoption du budget 2025 dans les délais habituels. La France a alors entamé l’année sans loi de finances initiale pour 2025, qui a finalement été promulguée le 14 février prévoit de réduire le déficit public de 5,4% en 2025.
Alors qu’il devait être réduit à 4,4 % du PIB, le déficit public a finalement atteint 5,8% en 2024, soit 170 milliards d’euros, portant la dette à 113% du PIB. Ce dérapage s’explique par des recettes fiscales inférieures aux prévisions, en raison d’une consommation des ménages peu dynamique, qui n’a progressé que de 0,9 % contre les 1,6 % anticipés par le gouvernement. Cet écart s’explique aussi par la hausse des dépenses publiques qui ont augmenté de 3,8% en 2024, notamment en raison des dépenses accrues de sécurité sociale et des collectivités locales. À cela s’ajoute l’alourdissement de la charge de la dette, accentué par la hausse des taux d’intérêt, qui renchérit le coût de l’endettement pour l’État.
Face à cette situation, la Cour des comptes insiste sur l’importance de réduire le déficit dès 2025 afin de rétablir la crédibilité budgétaire de la France. En effet, les taux d’intérêt auxquels l’Etat emprunte augmentent en raison d’une moindre confiance des investisseurs, ce qui alourdit la charge de la dette. L’agence de notation S&P a récemment abaissé la perspective de la dette française à « négative ».
Pour tenter de redresser la situation, le gouvernement Bayrou vise un déficit de 5,4 % du PIB en 2025, contre un objectif 5% avancé par le gouvernement Barnier. La réduction du déficit sera avant tout portée par une hausse des recettes de l’Etat, de l’ordre de 30 milliards supplémentaires. D’autres mesures fiscales sont mises en place, notamment la contribution différentielle sur les hauts revenus qui devrait rapporter 2 milliards d’euros et la taxe exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises, dont les recettes sont estimées à 8 milliards d’euros. Ces dernières sont cependant temporaires, repoussant l’effort de rééquilibrage structurel aux années à venir. Ainsi, le défi reste de taille pour le gouvernement : si les ajustements budgétaires ne sont pas menés à bien, la dette publique pourrait dépasser 125 % du PIB d’ici 2029, selon le scénario « pessimiste » de la Cour des comptes. L’absence de majorité claire à l’Assemblée nationale complique la situation et rend incertaine la mise en œuvre des réformes annoncées.