Romantisme toxique : Chloé Thibaud décortique la violence dans la culture pop

La pop culture biaise-t-elle notre vision des rapports amoureux ?

Romantisme toxique : Chloé Thibaud décortique la violence dans la culture pop

La pop culture biaise-t-elle notre vision des rapports amoureux ?

Qui n’a jamais trouvé une scène de bagarre se terminant en baiser « trop sexy ! » ou une étreinte surprise sous les étoiles « absolument romantique » ? Ces clichés des écrans, qui rythment nos films et séries, perpétuent une vision de la séduction qui, sous couvert de romantisme, banalise les violences. Dans son essai « Désirer la violence », la journaliste Chloé Thibaud invite à poser un regard critique sur ces classiques de la pop culture pour comprendre comment ils façonnent une conception dominatrice et violente des relations amoureuses.

Le mythe du « Bad Boy » : une vision romantisée de la violence

Au fil des 240 pages de son ouvrage, Chloé Thibaud examine plusieurs stéréotypes récurrents dans les comédies romantiques, à commencer par le « Bad Boy ». L’incarnation ultime de ce personnage ? Chuck Bass, le brun ténébreux et dominateur de la série « Gossip Girl ». Malgré son comportement agressif et manipulateur, ses actions sont souvent excusées par un passé trouble et complexe, entraînant le spectateur à ressentir de la compassion et même de l’admiration pour ce personnage. Parallèlement, sa partenaire est dépeinte comme une « sauveuse » qui se sent obligée de panser les blessures du « Bad Boy » pour atteindre un Happy Ending.

Chloé Thibaud souligne les risques de ce motif narratif, qui véhicule l’idée qu’un homme violent peut être « sauvé » par l’amour. Dans une interview au « Huffpost » en avril 2024, elle affirme : « À Hollywood, ça finit par marcher. Sauf que dans la vraie vie, les violences conjugales finissent mal. » Ce récit, trop souvent idéalisé, peut influencer les spectateurs et spectatrices en leur faisant croire à tort que la violence dans une relation est un obstacle surmontable, renforçant des stéréotypes nocifs.

À Hollywood, ça finit par marcher. Sauf que dans la vraie vie, les violences conjugales finissent mal. – Chloé Thibaud

Le « baiser volé » : une atteinte au consentement déguisée en romantisme

Autre stéréotype analysé par Chloé Thibaud dans « Désirer la violence » : le « baiser volé ». On le retrouve aussi bien dans les contes de fées, comme « Blanche-Neige » et « La Belle au Bois Dormant », que dans des films modernes, tels que « Star Wars V », où Han Solo embrasse Leia sans son consentement explicite. Ces scènes, loin d’être innocentes, ignorent le principe du consentement en dépeignant des gestes non désirés comme des actes d’amour. Le « baiser volé » devient alors le précurseur d’une romance, alors qu’il s’agit en réalité d’une violation du consentement, ce que reconnaît l’article 222-22 du Code pénal.

Pour Thibaud, cette absence de critique dans les récits audiovisuels joue un rôle majeur dans la normalisation de ces pratiques, au point que ce qui est représenté comme romantique à l’écran finit par être accepté dans la vie réelle. Le fait que ces comportements, souvent violents ou irrespectueux, soient omniprésents et valorisés contribue à en faire des normes relationnelles, influençant les jeunes spectateurs qui peuvent les intégrer inconsciemment.

Ce qu’on voit à la télévision, ou au cinéma et qui est normalisé, on finit par le banaliser dans la vraie vie. – Chloé Thibaud

Chloé Thibaud invite ainsi à une prise de conscience pour reconnaître ces violences dans les œuvres qui nous entourent et ne pas les reproduire dans nos vies.

Vous aimez lire nos décryptages ?

Soutenez-nous ! Parce que nous sommes un média :

Nos Derniers Décryptages

La Russie propose une alternative au sport mondial

Des Jeux de l’Amitié pour affirmer l’influence russe En réponse à son e...

La tragédie silencieuse de la famille dans « Juste la fin du monde »

L’ironie d’une fin annoncée et des rancunes tues Dans Juste la fin du monde, ...

Fairuz : l’âme du Liban, voix de résilience et d’unité

Les débuts d’une icône : une voix née de Beyrouth Issue d’une modeste famille...

L’Amérique puritaine : retour sur le scandale du Super Bowl 2004

L’Amérique des années 90 et la censure de la culture pop Dans les années 1990...

La Russie propose une alternative au sport mondial

Des Jeux de l’Amitié pour affirmer l’influence russe En réponse à son exclusion de la cérém...

La tragédie silencieuse de la famille dans « Juste la fin du monde »

L’ironie d’une fin annoncée et des rancunes tues Dans Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce met...

Fairuz : l’âme du Liban, voix de résilience et d’unité

Les débuts d’une icône : une voix née de Beyrouth Issue d’une modeste famille chrétienne de Beyro...

L’Amérique puritaine : retour sur le scandale du Super Bowl 2004

L’Amérique des années 90 et la censure de la culture pop Dans les années 1990, une forte campagne...

Rejoignez notre communauté

Recevez chaque semaine nos derniers dossiers, grands entretiens et décryptages dans votre boite mail !